publié le 16 mars 2022

Emmanuel Macron et Barbara Pompili : mensonges et reniements sur le nucléaire

Reniements de Barbara Pompili

Barbara Pompili, pas encore ministre, déclarait en novembre 2018 concernant la construction de nouveaux réacteurs :  “Ce serait complètement aberrant. On va déjà essayer de faire fonctionner celui de Flamanville, il n’y a que des problèmes sur cet EPR car on a voulu faire trop gros. Ce serait absurde au regard des engagements que l’on a pris“.

Le 15 juin 2021 sur France Inter :  “On a des projections de l’agence internationale de l’énergie qui nous disent que d’ici 10 à 15 ans, le nouveau nucléaire coûtera trois à quatre fois plus cher que les énergies renouvelables.

Le 11 janvier 2022, sur BFMTV et RMC à la question “le nucléaire est-elle une énergie verte ?”, sa réponse est claire : ” Non. C’est une énergie qui produit des déchets qui sont dangereux et qui vivent très longtemps. Et donc c’est un héritage donné à nos enfants qui ne peut pas être considéré comme vert.

Puis vient sa nomination comme ministre de la Transition écologique dans le gouvernement Jean Castex en 2020, et en même temps sa volte face sur le nucléaire.

Malgré ces déclarations sur l’absurdité, la dangerosité et le coût supérieur du nucléaire par rapport aux renouvelables,  elle soutient la volonté d’Emmanuel Macron de construire 6 EPR de plus (que celui de Flamanville qui est passé de 3,3 à 19,1 milliards d’euros pour un démarrage qui était prévu en 2012) et 8 autres en projet. En cela elle est sur la même ligne que Marine Le Pen, Eric Zemmour, Valérie Pécresse et Fabien Roussel (les 3 premiers veulent en plus rouvrir la centrale de Fessenheim, passant sur le fait que c’est techniquement et économiquement impossible, de l’avis même de EDF)

Mensonges d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, qui déclarait le 27 novembre 2018 «14 réacteurs de 900 mégawatts seront arrêtés d’ici à 2035 … Il restera alors à organiser la fermeture de 12 réacteurs entre 2025 et 2035 : quatre à six réacteurs d’ici 2030, le reste entre 2030 et 2035 » (voir ici le rapport de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie de 2020) , veut maintenant en construire 14 de plus et qu’aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l’avenir. Ces déclarations de novembre 2018 étaient donc des mensonges.

Dès l’annonce d’Emmanuel Macron, des dérapages de délais et de coût prévisible des futurs EPR

Dans le rapport gouvernemental “Travaux relatifs au nouveau nucléaire – PPE 2019-2028” , une phrase peut légitimement interpeller quand on connait l’historique du fiasco de l’EPR de Flamanville : « le chiffrage du programme comme son calendrier ne peuvent être totalement stabilisés » (page 21), le fiasco de Flamanville est passé par là !

Coûts qui explosent

Pour les 6 réacteurs prévus, on est dans un fourchette entre 52 et 57 milliards d’euros (sans compter les coûts financiers) dans le cas de « bonne maîtrise industrielle ». Et le coût pouvant atteindre 64 milliards dans un scénario « plus dégradé » [scénario type Fiasco-Flamanville]. Connaissant le dérapage financier de l’EPR de Flamanville (passé de 3,3Md€ à 19,1Md€) ces premiers chiffres sont sans aucun doute largement sous estimé (d’autant plus que EDF tablait sur un premier chiffre de 46Md€). Le coût de Flamanville ayant déjà été multiplié par 6 (pour le moment…), on peut raisonnablement penser que le coût initial des 6 EPR va suivre le même chemin.
Et c’est autant de budget en moins pour les énergies renouvelables et pour un grand plan d’économie d’énergie.

Surcoûts non comptabilisés

D’autre part le rapport indique que EDF n’a pas pris en compte certains surcoûts : « Une année de retard sur une tranche coûterait de l’ordre de 100 millions d’euros avant l’enclenchement du chantier puis 600 millions en phase de réalisation. », « les situations où des écarts sur les fabrications ne seraient pas détectés rapidement mais au bout de plusieurs années » [scénario type Fiasco-Flamanville].

économies par “effet de série” à double effet

Par ailleurs, l’argument d’EDF sur les économies par “effet de série” est pour le moins optimiste, comme l’indique le rapport : «le  recouvrement entre les chantiers des paires successives peut conduire à ce qu’un défaut de fabrication qui ne serait pas détecté rapidement ait un impact multiplié d’autant plus qu’il y a de réacteurs commandés »

Volte face de Barbara Pompili sur le nucléaire

L’explication de Barbara Pompili sur cette volte-face : “en 2018 on ne savait pas qu’il faudrait plus d’énergie…” , gouverner c’est prévoir parait-il, et Mme Pompili avoue également de cette manière que la France est très mal parti pour respecter ses engagements de réduction par 2 de la consommation finale d’énergie d’ici à 2050.

Pour rappel, Mme Barbara Pompili est ministre de la transition écologique, et elle passe allègrement sur les risques environnementaux et économiques que nous fait courir cette énergie mortifère.

Comme écologiste, on peut avoir des doutes, mais pour la transition, elle sait de quoi elle parle : verte, puis vallsiste, puis macroniste.

Et passant sous silence que dans le rapport  “Futurs énérgétiques 2050” de RTE (Réseau de transport d’électricité haute tension) commandé par le gouvernement pour définir l’avenir du système électrique français,  la moitié des 6 scenarii permettent d’atteindre la neutralité carbone sans renouvellement du parc nucléaire a horizon 2050 ou 2060.

Et également que la France est le seul parmi les 27 états membres de l’union Européenne à ne pas avoir atteint ses objectifs d’énergies renouvelables pour 2020.

source : Alternatives économiques - 27 janvier 2022

Mais évidemment entre temps, Barbara Pompili a rencontré Emmanuel Macron et elle a eu un poste de ministre.

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