1986-2022, Tchernobyl, tombeau du nucléaire - Confluence Pour Sortir Du Nucléaire

1986-2022, Tchernobyl, tombeau du nucléaire

publié le 18 avril 2022

Samedi 26 avril 1986, 1h23 du matin

Photo Igor Kostine - Tchernobyl, confessions d’un reporter, Les Arènes, 2006

L’explosion accidentelle du réacteur n°4 de la centrale soviétique de Tchernobyl suivi d’un incendie qu’il faudra plus de dix jours à circonscrire ont constitué une catastrophe majeure dans le domaine du nucléaire civil.

L’énergie qui a été libérée par l’explosion a entraîné l’émission brutale dans l’atmosphère des produits radioactifs contenus dans le cÅ“ur du réacteur nucléaire, ce jusqu’à plus de 1 200 mètres d’altitude.
En dix jours, près de 12 milliards de milliards de becquerels sont partis dans l’environnement, soit 30 000 fois l’ensemble des rejets radioactifs atmosphériques émis en 1986 par les installations nucléaires en exploitation dans le monde !  (données de l’IRSN), ou  200 fois les retombées des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki. Une partie de l’Europe a été contaminée.
Mais pas la France ! Tout le monde se souvient des dénégations des autorités françaises de l’époque assurant que le nuage radioactif n’avait pas atteint notre pays.
En URSS, deux villes et soixante dix localités situées dans un rayon de 30 km autour de la centrale ont été vidées de leurs habitants, entraînant le déplacement d’environ 250 000 personnes.
Dans une zone d’exclusion de 300 000 ha à cheval sur l’Ukraine et la Biélorussie,  la présence et les activités humaines ne sont plus possibles depuis la catastrophe, mais près de cinq millions de personnes continuent de vivre sur un sol contaminé.
Un volume de 440 000 mètres cubes de déchets radioactifs à longue durée de vie se trouve sous le  sarcophage construit sur l’ancien réacteur. Il est pour l’heure techniquement impossible d’extraire ces déchets – et on ne sait pas non plus qui assumera les coûts astronomiques de ces travaux estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Le bilan humain reste à ce jour inconnu.
Du fait de l’opacité entretenue par les autorités soviétiques, il est difficile de connaître le nombre de victimes (pompiers et personnels de la centrale) de l’accident lui-même et le destin des quelques 600 000 personnes (les « liquidateurs ») qui ont participé au nettoyage du site. Le nombre total des décès s’inscrit dans une fourchette de 200 à un million de morts. On peut difficilement être moins précis !

Il en va de même des effets directs et indirects des retombées radioactives à distance et à long terme.

La catastrophe de Tchernobyl a montré combien la nucléocratie va de pair avec l’omerta, le mensonge et la propagande. Mais malgré tous les efforts du lobbie, Tchernobyl a mis un frein, pendant plusieurs dizaines d’années au développement de cette industrie mortifère. Fukushima a été une funeste piqûre de rappel.
Aujourd’hui, les nucléocrates relèvent la tête et veulent nous imposer la relance du programme avec la construction d’EPR (qui ne fonctionnent pas, ou si peu…)  et de Small Reactor Modular -SMR- (qui n’existent pas encore mais qui, s’ils voient le jour, permettront une dissémination de grande envergure des déchets et des dangers.)

Ces velléités font fi de Tchernobyl… 2022 ! Car l’invasion barbare de l’Ukraine a une fois de plus montré les dangers que les centrales atomiques faisaient courir à l’ensemble de l’Europe.
Pendant plusieurs semaines, les Russes ont pris le contrôle de la centrale, à l’arrêt mais qui demande une maintenance suivie. Ils ont fait évoluer des troupes dans la zone contaminée, ils ont creusé des tranchés dans des zones irradiées, disséminant des poussières radio actives dans l’atmosphère.
Ils ont gardé en otage les employés ukrainiens, les obligeant à vivre et à travailler dans des conditions inhumaines. A plusieurs reprises, l’alimentation électrique de la centrale a été interrompue.
A plusieurs reprises l’Europe a été, à nouveau, du fait de la centrale de Tchernobyl au bord de la catastrophe.
Et que dire de la situation à Zaporijia ou les obus russes sont tombés à proximité des réacteurs de la plus grosse centrale européenne !
Et que dire de ce qui arriverait en France, pays aux 56 réacteurs (plus les 14 ou 20 réacteurs en projet) en cas de conflit sur son sol !

Mardi 26 avril 2022

36 ans après la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, ce sera le 2ème jour du nouveau locataire de l’Élysée, Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.
Ces deux candidat.es ont déjà exposés leur volonté en terme de nucléaire :

Emmanuel Macron

14 nouveaux réacteurs, prolongation de la durée de vie des réacteurs existants à plus de 50 ans, 1 milliard d’euros pour la construction de « Small modular reactors » (petits réacteurs modulaires), poursuite du fiasco financier et technique de l’EPR .

Marine Le Pen

20 nouveaux réacteurs (cinq paires d’EPR pour 2031 et cinq paires d’EPR 2 pour 2036) ,  prolongation de la durée de vie des réacteurs existants à plus de 60 ans, relance du projet de surgénérateur ASTRID, réouverture de Fessenheim.

Le prochain ou la prochaine président.e de la république nous font prendre pour l’avenir proche et pour les générations futures des risques environnementaux, sanitaires et économiques énormes avec ces plans délirants.
Ces risques pourraient déboucher sur un nouveau « 26 avril » lors de leur mandat ou pour les suivants.

Que ce soit en 1986 ou en 2022, il n’y a qu’une seule leçon à tirer de Tchernobyl : l’ urgence  de fermer les centrales nucléaires, de les démanteler et de tirer un trait définitif sur cette  industrie mortifère, onéreuse et sans avenir.

Les 12 et 19 juin prochain, les élections législatives sont la dernière occasion de mettre un coup d’arrêt à ces plans mortifères de continuation et d’amplification du nucléaire en France, en votant pour les candidat.es qui veulent en sortir.

source photo d’entête :
Igor Kostine, Tchernobyl, confessions d’un reporter, Les Arènes, 2006
https://diacritik.com/2016/04/26/tchernobyl-corps-malade-par-sylvie-brodziak/

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Cet article a 2 commentaires

  1. Hugues

    Macron prend seulement un pot de peinture verte en toute fin de campagne. Il ne faut pas oublier que la France de Emmanuel Macron a été condamné par la Cour de justice de l’Union européenne en 2019 pour “pour manquement aux obligations issues de la directive qualité de l’air”. C’est la France de Macron également qui ne respecte pas les engagements de l’accord de Paris de 2015 concernant l’émission de gaz à effet de serre en dépassant régulièrement les plafonds imposés. Pour le nucléaire, il reste droit dans ses bottes en promettant 14 nouveaux réacteurs. Il avait 5 ans pour agir, il n’a rien fait, et à quelques jours du 2ème tour, il se découvre une “fibre écolo” : comment le croire ? Les dizaines de milliards d’euros de son plan nucléaire, sont autant qui ne seront pas mis dans le développement des énergies renouvelables.
    Pour le 2ème tour, Macron et Le Pen ça sera la même politique pour le nucléaire.

    Concernant le “changement de fusil d’épaule”, et pour parler de la chasse : c’est lui qui voulait réhabiliter les chasses présidentielles, qui a accordé des dérogations pour la chasse d’espèces protégées, qui n’interdit pas la chasse à courre, qui assiste aux “tableaux de chasse” à Chambord.

  2. Roderick

    C’était Mitterrand en 86, les socialistes étaient au pouvoir. Ils avaient dit que le nuage radioactif s’était arrêté aux frontières. Les gens étaient inquiets.

    Macron a changé de fusil d’épaule… Il semble qu’il commence à se tourner davantage vers les énergies renouvelables.

    Si on pouvait aussi drastiquement réduire le gaspillage d’électricité, ça serait bien.

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